Précisons d'emblée que cette inflation n'a pas porté Hitler au pouvoir puisqu'il a accédé à la magistrature suprême en 1933 seulement, près de dix ans après les faits. Par contre, les politiques monétaristes mises en œuvre en réaction à l'hyperinflation ont généré un chômage de masse qui, lui, a favorisé la montée des partis les plus autoritaires.
Au moment de l'hyperinflation, les ouvriers exigeaient d'être payés deux fois par jour tant la valeur de l'argent diminuait rapidement. En suivant la chronologie donnée par Wikipédia, nous pouvons reconstituer les causes et les conséquences de l'inflation à ce moment-là.
Acte I. Les dettes des Allemands en monnaie étrangères atteignent 132 milliards de marks-or pour un PIB de 3 milliards de marks-or. Jusqu'en 1922, cependant, malgré cet endettement, l'économie allemande est forte, il y a un plein emploi et des salaires en augmentation.
Acte II. Après la première guerre mondiale, l'appareil productif est détruit, la production réelle chute. Le pays emprunte sur les marchés internationaux. Les salaires sont indexés. L'hyperinflation ne signifie pas inflation salariale.
Acte III. La vitesse de circulation de la monnaie augmente, ce qui génère de l'inflation économique. Les entreprises convertisent leurs avoirs en devises, en titres étrangers, ce qui diminue la demande de marks et en baisse le prix.
Acte IV. Le docteur Schacht intervient. Il va mener une politique de stabilisation du cours de la monnaie et des prix. C'est ce qu'on appelle une politique monétariste. Cette politique va arrêter l'inflation des prix, provoquer un chômage de masse et une … inflation salariale. Il cesse d'émettre des billets de banque – il diminue la quantité de monnaie en circulation. Il diminue le volume des moyens officiels de paiement et gèle le crédit. De ce fait, la spéculation est bloquée : les spéculateurs se retrouvent avec une monnaie sans valeur. Par ailleurs, Schacht arrête la politique de réescompte1.
1Le
réescompte est l'ancêtre des produits dérivés ou de la
titrisation : on achète un titre pour ce qu'il va valoir à un
moment donné. Le titre s'achète et se vend à l'infini. Schacht
cesse d'acheter les titres escomptés
par
la banque centrale [c'est ce que continue à faire
Mario
Draghi avec la BCE actuellement avec les obligations sulfureuses].
Les entreprises doivent donc vendre leur épargne accumulée en
devises étrangères puisque, faute de pouvoir émettre des
escomptes, elles sont en besoin de liquidité. Les entreprises et la
banque centrale empruntent alors, à l'étranger. Le chômage
explose.