En cinq ans, sans rien faire, sans débourser le moindre centime ni pour l'intérêt ni pour le principal, sans imprimer le moindre billet, le PIB aura presque atteint 250 milliards alors que la dette sera à 191 milliards, une proportion beaucoup plus supportable (la dette représente alors 76% du nouveau PIB). En dix ans, le PIB atteint 619 milliards et la dette 244 milliards, la dette s'élève alors à 39 % du PIB : la dette a disparu en tant que problème budgétaire sans que personne n'ait payé un centime, ni en principal, ni en intérêt.
Si ce scénario vous semble étrange, rappelez-vous que c'est exactement celui qui a été mis en place à la fin des années 1940 en France à un moment où les salaires augmentaient en termes réels, à une période où il n'y avait pas d'inflation salariale, où l'inflation des prix était forte. La gigantesque dette publique à la Libération s'est évaporée de la sorte, sans aucun effort. Par contre, cette option qui préserve les salaires et l'activité économique a le tort de diminuer la valeur réelle de l'épargne, des avoirs capitalistes. Les intérêts des détenteurs de capital s'opposent à l'inflation des prix. Les capitalistes prônent une politique monétariste, une politique de préservation de la valeur de l'argent, au détriment de la valeur des salaires et de l'activité économique. C'est le choix du « consensus de Washington » imposé aussi bien en Europe que dans le tiers-monde par le truchement de mécanisme de crédit internationaux. L’inflation des prix au Venezuela est un cas particulier : l’inflation des prix touche les salaires tant elle est élevée mais les classes propriétaires protègent leurs avoirs en les plaçant à l’étranger, en devises étrangères. Paradoxalement, dans cette situation, la combinaison d’un hyper-endettement en devise nationale et d’une hyper-inflation des prix et sans inflation salariale pourrait être la solution à la dévitalisation économique subie par le pays. Ce serait une manière élégante de réaliser les avoirs des propriétaires et de les convertir en salaires.