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Le PIB est l'ensemble de la valeur ajoutée créée à l'échelle d'un pays. La valeur ajoutée intègre la valeur créée par n'importe quelle activité économique, qu'il s'agisse de drogue, d'industrie du loisir, qu'il s'agisse d'industrie ou de services. Le PIB omet d'intégrer les dégâts causés par la création de valeur économique à la valeur d'usage. Si une entreprise empoisonne une riante vallée pour produire de la valeur, la seule mesure du PIB n'intégrera que la cette production de valeur économique sans tenir compte des coûts environnementaux et humains de cette production. En tant qu'indicateur économique, le PIB est donc à prendre avec énormément de précautions. Récemment, d'ailleurs, pour gommer les effets dépressifs des politiques d'austérité en gonflant artificiellement le PIB, sa mesure a été modifiée : aux États-Unis, on a considéré la recherche et le développement comme des investissements (alors qu’ils avaient été considérés comme des dépenses intermédiaires) et, en Europe, l'économie illégale est en passe d'être intégrée dans le calcul du PIB.
Mais la notion de PIB a ceci d'intéressant qu'elle concentre la réflexion sur la production de valeur et non sur la production de biens et de services. On notera, par exemple, que, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l'agriculture européenne a pour ainsi dire disparu comme productrice de PIB alors que, quantitativement (mais pas qualitativement, nous sommes bien d'accord), elle a augmenté ses volumes.
Cette façon de voir les choses ouvre une brèche pour évaluer la valeur ajoutée créée hors emploi (par salaires socialisés ou par qualification à la personne) et pour dévaloriser ce qui est produit en masse, à bas prix.