Avant
d'entamer nos réflexions à partir de l’œuvre de Freud, nous tenons à
préciser un petit élément. Nous entendons ne pas céder à la mode du
dénigrement systématique du père de la psychanalyse2.
Il s'agit d'un penseur intègre qui a remis l'ouvrage sur le métier
toute sa vie ce qui suffit largement, de notre point de vue, à le
qualifier comme chercheur fécond. Pour autant, son œuvre n'est pas
sacrée, pas intouchable. Elle parle d'économie, de construction sociale
du moi et elle le fait du point de vue socio-culturel de l'auteur. Cela
peut nous servir de matériaux aussi bien pour esquisser un regard
culturel dans une époque donnée que pour interroger les méthodes, les
concepts et le cadre de pensée que Freud organise.
Pour examiner comment les choses se passent, voyons comment le père de la psychanalyse construit théoriquement son sujet, comment Freud perçoit le psychisme individuel qui intègre l'altérité soit sous forme de névrose (il refoule la chose)3, soit sous forme d'interdits ou d'idéaux à suivre, de Surmoi. Pour une large part, cette vision du psychisme est elle-même le fruit d'une certaine histoire, d'un certain conditionnement social - ce que Freud lui-même ne nierait pas – mais, en l'état, elle atteste une façon de voir liée à une société au sein de laquelle l'asociété émerge à tout le moins. Dans cette construction du psychisme, l'acte au monde n'est pas lié au monde proche, il n'est pas le fruit d'un sujet interagissant avec son milieu mais il est le fruit de forces sociales sur lesquelles le sujet n'a pas ou peu de prise. La volonté du sujet est corsetée dans la société constructrice d'un moi, d'un Surmoi, d'un Ça, d'un idéal du Moi, etc. Cette vision de la société comme corset névrotique à l'individu – ce que Marcuse4 désignera par l'opposition entre le principe de réalité et le principe de plaisir – procède de l'individualisation des existences et s'oppose à l'individuation des existences. L'individualisation isole des monades influencées par un cadre social répressif et par une libido jouisseuse individualiste alors que le concept d'individuation pense la rencontre entre un moi en devenir et un monde et en quoi cette rencontre est constitutive et de l'un et de l'autre. La vision freudienne atteste une vision du monde d'individus isolés dans lequel le monde joue comme une espèce d'impératif encombrant et castrateur (et, a contrario comme objet de désir, mais cette façon de poser le problème renforce l'étrangeté entre le moi et le monde). L'interaction ludique avec le monde, la réconciliation nietzschéenne du principe de réalité et du principe de plaisir dans la volonté de puissance, reste l'apanage des enfants – encore faut-ils qu'ils ne salissent pas leurs vêtements et réussissent à l'école, etc.
Pour examiner comment les choses se passent, voyons comment le père de la psychanalyse construit théoriquement son sujet, comment Freud perçoit le psychisme individuel qui intègre l'altérité soit sous forme de névrose (il refoule la chose)3, soit sous forme d'interdits ou d'idéaux à suivre, de Surmoi. Pour une large part, cette vision du psychisme est elle-même le fruit d'une certaine histoire, d'un certain conditionnement social - ce que Freud lui-même ne nierait pas – mais, en l'état, elle atteste une façon de voir liée à une société au sein de laquelle l'asociété émerge à tout le moins. Dans cette construction du psychisme, l'acte au monde n'est pas lié au monde proche, il n'est pas le fruit d'un sujet interagissant avec son milieu mais il est le fruit de forces sociales sur lesquelles le sujet n'a pas ou peu de prise. La volonté du sujet est corsetée dans la société constructrice d'un moi, d'un Surmoi, d'un Ça, d'un idéal du Moi, etc. Cette vision de la société comme corset névrotique à l'individu – ce que Marcuse4 désignera par l'opposition entre le principe de réalité et le principe de plaisir – procède de l'individualisation des existences et s'oppose à l'individuation des existences. L'individualisation isole des monades influencées par un cadre social répressif et par une libido jouisseuse individualiste alors que le concept d'individuation pense la rencontre entre un moi en devenir et un monde et en quoi cette rencontre est constitutive et de l'un et de l'autre. La vision freudienne atteste une vision du monde d'individus isolés dans lequel le monde joue comme une espèce d'impératif encombrant et castrateur (et, a contrario comme objet de désir, mais cette façon de poser le problème renforce l'étrangeté entre le moi et le monde). L'interaction ludique avec le monde, la réconciliation nietzschéenne du principe de réalité et du principe de plaisir dans la volonté de puissance, reste l'apanage des enfants – encore faut-ils qu'ils ne salissent pas leurs vêtements et réussissent à l'école, etc.
Proposition
78
La
psychanalyse freudienne atteste une culture dans laquelle l'autre
est un corps étranger.
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