Résumé
des développements mathématiques du chapitre
La
valeur ajoutée est consacrée pour partie aux salaires, pour
partie à la rente. La partie consacrée aux salaires est
intégralement dépensée sur un temps long alors que la partie
consacrée à la rente s'accumule indéfiniment. Comme la
production de valeur ajoutée est égale à ce qui est dépensé
par les clients, la partie de la valeur ajoutée consacrée à la
rente, peu et mal dépensée, menace à terme la production de
valeur économique.
Proposition
4
Les
salaires sont intégralement dépensés.
Proposition
5
La
rente n'est pas intégralement dépensée et s'accumule à
l'infini.
|
L'activité économique produit de la valeur ajoutée. Selon la
théorie marxiste, c'est le travail qui crée tous les biens, tous
les services qui cristallisent la valeur économique. Nous viendrons
à une conclusion légèrement différente : in fine, ce
sont non pas les emplois ou la réalisation de travail concret qui
créent la valeur économique mais le travail abstrait reconnu par le
salaire. Ce sont les salaires qui créent la valeur économique, ce
sont eux qui reconnaissent et font reconnaître la valeur économique,
la violence sociale des rapports de production. Le travail concret
(aussi bien celui des employés que celui des chômeurs, des
retraités, des vacanciers, des parents, des invalides ou des
fonctionnaires) crée les valeurs d'usage, éventuellement
négatives ; le travail abstrait qu'atteste le salaire sous ses
différentes formes crée les valeurs économiques, toujours
positives.
Pour arriver à cette conclusion assez décalée par rapport aux
écoles classiques, keynésienne ou marxiste, nous avons dû procéder
à une analyse de la valeur ajoutée. Au terme de cette analyse, nous
voyons que le salaire crée la valeur économique et que la rente
accapare la valeur économique créée à l'occasion du procès de
production dans une accumulation qui obère aussi bien la machine
économique que le processus de création de valeur économique
lui-même.
Nous avons commencé par définir une fonction ρ,
la valeur réalisée. Au terme du processus de création de valeur
ajoutée par le travail abstrait, la nouvelle valeur ajoutée créée
peut s'incarner de différentes façons. Soit le récipiendaire –
quel qu'il soit et quelle que soit sa légitimité à capter la
partie de la valeur ajoutée créée – réalise son capital, soit
il le thésaurise. La réalisation du capital se fait toujours sous
forme de dépense, d'acquisition de biens ou de services issus du
travail humain alors que la thésaurisation se fait sous forme
d'épargne, d'investissement dans des produits financiers,
assurantiel, etc. De toute façon, nous considérerons les cycles sur
un temps long, un temps dans lequel les crédits se perdent dans la
masse des revenus, dans lequel l'épargne se réalise dans un produit
de consommation exceptionnel tel une maison ou un véhicule. Sur un
temps long, donc, le capital s'accumule en thésaurisations de toutes
sortes ou se réalise en acquisitions matérielles de toutes sortes.
Soit ρ, la réalisation du
capital, lissée sur un temps long. Si, une année donnée, disons
l'année n, la réalisation du capital lissée sur un temps long,
correspond à 1 milliard, cela signifie que – en négligeant les
effets de temps court du crédit – l'ensemble des biens et des
services produits l'année suivante sera valorisé à hauteur de ce
qui sera dépensé pour les acquérir – le capital réalisé, donc,
1 milliard.
Si le capital réalisé de la
valeur ajoutée est ρ et
le capital thésaurisé est ε, alors la valeur ajoutée totale d'une
période donnée sera toujours égale à la somme des deux.
(2.8)
VA= ρ+ε
Pour être complet, le taux de réalisation du capital sera le
rapport entre le capital réalisé et le total de la valeur ajoutée.
(2.9)
Tρ = ρ/VA
et, le taux d'accumulation à
long terme
(2.10)
Tε = ε/VA
Il vient en divisant les deux termes de (2.8) par VA
(2.11)
Tρ+Tε = 1
Ce qui n'est pas épargné sur le long terme est dépensé et ce qui
est dépensé sur le long terme n'est pas épargné
En affinant la notion de
réalisation, en diminuant progressivement le temps pendant lequel on
va mesurer cette réalisation, on s'approche de la notion de flux, de
réalisation instantanée π. En mathématique, cette notion
s'exprime par la dérivée dans le temps :
(2.12)
= π
=
Ce
flux, cette dérivée de la réalisation par rapport au temps est la
productivité π,
la production de valeur économique – ou la réalisation de capital
antérieur – dans le temps. On notera que cette façon de voir les
choses permet d'exprimer la valeur ajoutée annuelle en intégrant
cette fonction dans le temps, sur deux années successives. Nous
avons
(2.13)
Selon l'affectation de la valeur ajoutée, le taux de réalisation du
capital varie, c'est-à-dire que la valeur ajoutée d'une année
donnée est déterminée par l'importance relative des éléments
constitutifs des valeurs ajoutées antérieures.
Examinons
les différentes composantes de la valeur ajoutée. Les bas salaires
et les salaires moyens sont intégralement réalisés à long terme.
Au mieux, le salarié va mettre de côté une partie de son salaire
pour une dépense exceptionnelle (du type véhicule ou logement, par
exemple) mais cet épargne sera temporaire et finira toujours par
être réalisée. Par contre, les très hauts salaires permettent une
accumulation sans réalisation à proportion de leur importance par
rapport au salaire moyen. De même, les dividendes sont accumulés à
proportion de leur importance : de faibles dividendes d'un petit
épargnant finiront sans doute par financer un achat, un jour, de
l'intéressé mais de gros dividendes ne seront jamais dépensés et
s'accumuleront à l'infini – ce qui dessine une fonction
exponentielle économiquement intenable sur le long terme7.
À l'échelle des rentes, les rentes des petits épargnants ne
constituent qu'une goutte dans la mer et nous la considérerons comme
relativement négligeable : en simplifiant quelque peu le
problème, nous pourrons considérer la rente comme un tout dont le
taux d'accumulation est légèrement abaissé par la présence de
petits épargnants. Par contre, au niveau des salaires, la masse
salariales des petits salaires demeure importante puisque les petits
salariés sont infiniment plus nombreux que les salariés à haut
niveau de salaire.
Nous
allons donc affiner cette réflexion sur la création cyclique de
valeur ajoutée en dégageant deux valeurs de réalisation :
- le
taux de réalisation du capital de rente T
- le
taux de réalisation des salaires T
Pour
approcher la valeur extrême du taux de réalisation du capital de
rente, nous prenons la croissance des plus gros patrimoines humains
entre 1987 et 2013, en considérant que ces fortunes proviennent pour
l'essentiel de revenu de propriété lucrative et non de salaires.
Selon Piketty8,
le rendement global du capital mondial se situe à 3,2 % pour la
période étudiée.
Sur
le stock, Tε = 3,2 % et, sur les revenus,
Tεlimite
=
100 % (Tρ=0%) puisque, quand les revenus deviennent infinis, la
part qui en est dépensée devient marginale.
Dans
la période considérée, entre 1987 et 2013, l'augmentation médiane
de patrimoine humain atteignait 1,4 % par an.
Sur
le stock, Tε
= 1,4 %, en nous fondant sur les données
de Piketty (p 286), en évaluant grossièrement le rapport entre le
stock mondial de capital et les revenus à 4:1 – chaque année, les
revenus correspondent à un quart du patrimoine mondial (Piketty, p.
738), nous obtenons un Tε
moyen de 5,6 % des revenus (et un Tρ
de 94,4% des revenus). La part des revenus du travail de l'OCDE9
est passée de 66,1 % des revenus totaux à 61,7 %, soit
une moyenne de 63,5 % sur la période considérée.
Avec
ces données, nous pouvons extraire la valeur du taux d'épargne
salariale rapportée au patrimoine. La notion de patrimoine reprend
toutes les acceptions du capital : mobilier, immobilier,
foncier, les actions ou les produits dérivés, le liquide, les
avoirs, les comptes en banques, etc. En effet, sachant que la part
des revenus totaux du capital est de 36,5 %, que celle du
travail est de 63,5 %, en notant « patr. » le
patrimoine, « rev. » les revenus (quels qu'ils soient) et
« trav. » la part des revenus totaux du travail, nous
avons :
(2.14.1)
(2.14.2)
que je décompose en
soit
(2.14)
On
peut facilement extraire le facteur commun à tous les termes, le
rapport entre les revenus (annuels) et le patrimoine.
(2.15)
et, pour trouver la valeur du
taux d'épargne salariale rapporté au patrimoine total, nous avons :
(2.16)
soit
avec le taux d'épargne global rapporté au patrimoine à 1,4 %
et le taux d'épargne du capital rapporté au patrimoine à 3,2 %
(voir supra), il vient
(2.17)
soit
un
taux d'épargne du travail de 3,65‰
annuel
rapporté au patrimoine global sur la période considérée. Ce taux
d'épargne du travail doit être rapporté aux
revenus
du capital (il faut le multiplier par quatre puisque les stocks
représentent quatre fois les flux annuels). Il faut considérer les
revenus du travail par rapport aux revenus totaux
(36,5 %)
pour obtenir le taux d'épargne du travail par rapport aux salaires,
soit
(2.18)
Soit
une valeur de 5,3‰.
De même, nous pouvons calculer
facilement le taux de réalisation moyen du capital.
(2.19)
On convertit le patrimoine en
flux annuel (soit un dénominateur divisé par quatre) et dans la
proportion du revenu total dévolu au capital. On obtient un peu plus
de deux pour cents. Les revenus du capital sont épargnés à hauteur
de 2 % par an en moyenne globale, c'est-à-dire que leur taux de
réalisation est de l'ordre de 98 %.
Nous définirons le
comme l'indice d'épargne du capital par rapport aux revenus
globaux, c'est-à-dire le taux d'accumulation du capital ou encore
le coût du capital.
Ce taux est récurrent. Il
définit donc une fonction exponentielle.
|
Ce
taux de 2 % peut sembler ridicule mais si on considère la
formule générale de doublement d'une fonction croissante à raison
de 2 %:
(2.20)
n
est alors égal à ln(2)/ln(1,02), soit un peu plus de 35. C'est dire
que, tous les 35 ans, le capital aura accumulé l'équivalent de
la totalité des flux annuels qui le rétribuent. Cette
accumulation doublera tous les 35 ans (au bout de 70 ans, c'est deux
fois le flux annuel qui auront été accumulés ; au bout de 105
ans, c'est quatre fois ces flux qui auront été accumulés – plus
que l'intégralité des revenus, ceux du capital extrême, ceux du
capital moyen ou ceux du travail ensemble ; au bout de 140 ans,
c'est huit fois ces flux qui auront été accumulés ; au bout
de 185 ans, c'est seize fois le flux annuel, etc.). Cette période de
185 ans est moins longue que celle qui nous sépare du début de
l'ère industrielle.
Pour
nous résumer, en intégrant (2.11) à nos résultats, il vient ces
valeurs de taux de réalisation des différents capitaux rapportés
au patrimoine global :
(2.21)
T
=
0,00 ... %
T
= 98 %
T
= 99,99635%
Par
ailleurs, le PIB pourra être calculé par la somme des différents
postes antérieurs multipliés par leur taux de réalisation, soit
(en rappelant 4.2)
(2.22)
Avec :
(2.22.1)
(2.22.2)
(2.22.3)
(2.22.4)
À
création monétaire égale, à long terme, le PIB, en négligeant
les effets à moyen terme du crédit, sera donc d'autant plus élevé
que la proportion des salaires sera élevée et sera d'autant moins
élevé que la proportion des capitaux extrêmes sera importante ou,
dans le temps très long, que la proportion des capitaux moyens sera
importante.
Proposition
6
Pour
qu'il y ait production de valeur économique, il faut que de la
valeur économique antérieure soit dépensée, soit réalisée –
sans quoi, la production de biens et de services ne produit pas de
valeur économique mais des invendus.
|
Note
3. l'Allemagne contemporaine :
Notre
conclusion nous permet de faire le lien entre la situation de
l'Allemagne et sa très relative réussite économique. Ce ne sont
pas des facteurs économiques tels que la haute valeur ajoutée des
productions industrielles allemandes, ce ne sont pas les facteurs
culturels puisque, dans son histoire, l'Allemagne a connu des
périodes de déficit commerciaux mais c'est bien la place du salaire
en Allemagne qui explique ce très relatif succès.
En
ouvrant les frontières de ses voisins à ses exportations,
l'Allemagne s'est garanti des débouchés pour son ε,
pour son épargne au moment où cette épargne explosait du fait des
compressions salariales. Par ailleurs, l'implication d'une population
dans les revenus du capital assure une faible accumulation de ceux-ci
puisque ces revenus tiennent lieu de pension de retraite et son donc
mieux réalisés que leurs équivalents étrangers. Le libre échange
avec des voisins en croissance salariale (et en déficit, du coup) et
le vieillissement des propriétaires capitalistes sont des conditions
sine qua non au (très relatif) développement allemand.
Les
marchés de l'Est risquent, par contre, à force d'accumulation
progressive sous
forme
d’investissements,
de se fermer peu à peu aux débouchés allemands. Quant aux
retraités, la polarisation du modèle social allemand risque
d’obérer le
ε
au moment où il n'aura plus de marché extérieur pour réaliser la
valeur ajoutée qu'il capte. À ce moment-là, les heures de la (très
relative) prospérité allemande seront comptées sauf à y investir
massivement dans les salaires – ce qui solvabiliserait les marchés
mais ferait cependant l'impasse sur la baisse du taux de profit.
Notre modèle explique que le PIB devrait à tout le moins diminuer
voire s'effondrer rapidement – ce qu'il ne fait que périodiquement
et de manière imparfaite. Pourtant, les 700 trilliards de dollars
dans les produits dérivés signent bel et bien cette accumulation :
au moment où ils seront réalisés, toute l'économie s'effondrera.
Mais voyons quelles sont les stratégies d'évitement de ces
problèmes d'accumulation étudiées par Rosa Luxemburg.
La différence entre le PIB et la réalisation du PIB (=ε)
diminue la taille du PIB (de ε
et, au bout de n années de
) si les capitalistes ne trouvent pas de
nouveaux marchés non capitalistes, une nouvelle demande pour
solvabiliser la production. Nous avons déterminé avec le ρ
dans quelle proportion, dans quelle mesure, le capital devait trouver
de nouveaux marchés pour se maintenir et éviter son effondrement
modélisé par nos petites réflexions. Pour conquérir de nouveaux
marchés, le capitalisme peut
- augmenter les salaires sur les
pays émergents jusqu'au point de Lewis, point à partir duquel la
demande de travailleurs se fait très forte et les rapports de force
sur le marché de l'emploi emmène virtuellement les salaires des
pays en voie de développement vers les niveaux de ceux des pays déjà
développés en crise
- conquérir de nouveaux pays
non capitalistes, c'est l'option de la colonisation, de l'ouverture
forcée de marchés exclusifs captifs.
Luxemburg avait expliqué ce problème et en attendait un dénouement
tragique : quand les limites à l'expansion auront été
atteintes, la croissance du PIB par conquête de nouveaux marchés
deviendra impossible et notre ρ
prend alors tout son sens. Nous en sommes là aujourd'hui.
L'intégralité
des salaires est réalisée alors que le capital a tendance à
accumuler, à ne pas réaliser 2 % des revenus dont il est
rétribué – ce qui, à terme, définit une fonction exponentielle.
Note
4. la fonction exponentielle :
En
mathématique
Une
fonction exponentielle est une fonction mathématique, une formule
qui à chaque valeur de x associe une valeur de y, résultat du
calcul de la formule appliquée à la valeur de x.
Nous
avons, de manière générale.
(2.23)
Cette
fonction est dite exponentielle si elle suit la pente de la fonction
verte sur le schéma de Wikipédia, c'est à dire si elle peut
s'écrire sous la forme
(2.24)
Avec
k réel >1.
La
pente rouge représente une fonction dite linéaire (type
), la pente bleue représente une fonction cubique (type
).
En
économie
Si
on l'admet après K. Marx10
que l'économie capitaliste fonctionne par cycles courts, ils se
décomposent comme suit si nous prenons le point de vue du capital:
-
Nous avons d'abord un capital C
-
Ce capital se ventile entre des investissements (les consommations
intermédiaires), des marchandises M et du salaire individuel ou
socialisé pour produire une marchandise M'
-
La marchandise est vendue pour son prix qui exprime la nouvelle
valeur du capital acquise au terme du processus, C'
Nous
avons un cycle court du capital genre C-M-M'-C'.
En
admettant que à chaque cycle court le capital thésaurise une
partie, mette une petite partie de ses bénéfices (C'-C) dans un bas
de laine qu'il ne dépense pas, nous devons considérer ce qu'il se
passe sur un temps long.
Mettons
que le taux d'épargne, d'accumulation du capital sur un cycle soit
T, nous aurons, à chaque cycle un capital thésaurisé égale à ce
taux d'accumulation multiplié par le bénéfice (C'-C). Soit A,
l'accumulation, il vient
(2.25)
Comme
cette opération se répète à chaque cycle, nous avons, pour un
cycle n,
(2.26)
Pour
chaque cycle, nous avons la différence entre le capital final et le
capital final, l'accumulation qui vaut le capital du cycle précédent
multiplié par le taux de profit, lui-même multiplié par le taux
d'accumulation de cette différence.
Il
convient de souligner que le taux de profit dont nous parlons ici est
le taux de profit du point de vue du capital. Ce taux de profit est
différent si l'on se place du point de vue du travail, il faut alors
parler de surtravail. En désignant par P la production de profit
économique par unité de temps, nous avons
(2.27)
ou,
encore, en se référant à un capital initial quelconque,
(2.28)
Ce
qui, par définition, est une fonction exponentielle à condition que
le taux de profit soit strictement positif (facteur P strictement
plus grand que 1), qu'il y ait accumulation (facteur T plus grand ou
égal à 1) et que le capital initial soit non nul.
Comme
on imagine mal un investisseur ne rien investir au départ et faire
travailler pour rien, sans bénéfice aucun ni accumulation aucune,
les conditions au caractère exponentiel de la fonction sont
certaines si le cycle est viable du point de vue de l’investisseur.
Par
contre, le capital produit, la valeur produite par le travail ne suit
pas une courbe exponentielle. Nous avons à chaque cycle, des
dépenses de capital qui valent les salaires plus les
investissements, plus les frais, plus la partie discrétionnaire du
capital accumulé.
Ces
dépenses nourriront immanquablement la valeur ajoutée d'entreprises
diverses et variées. C'est dire que la valeur produite vaut le
capital réalisé : s'il n'y a pas de dépense pour acheter des
choses produites, elles ne peuvent acquérir de valeur, elles ne
peuvent être reconverties en capital et ne correspondent à rien du
point de vue de la valeur produite.
Si
le propriétaire investit dans les infrastructures pour être plus
productif que la concurrence, dans un premier temps, il pourra
comprimer les salaires (et, au passage empocher la différence)
puisque les gains de productivité seront absorbés par les
dividendes. Dans un deuxième temps, la concurrence va adopter les
mêmes pratiques, ce qui contraindra le propriétaire à baisser ses
prix. Finalement, le propriétaire aura fait produire plus de biens
et de service mais ses employés auront généré une valeur ajoutée
inchangée.
La
différence entre les deux courbes, capital accumulé et capital
réalisé crée des cycles périodiques au terme desquels il y a une
nécessaire destruction de valeur accumulée. Cette destruction peut
prendre bien des formes: guerre, crise immobilière, faillite
bancaires, etc.
Pour
augmenter la valeur du capital réalisé, il faut augmenter les
salaires, notamment les salaires sociaux. Sauf à être elle aussi
exponentielle - proportionnelle à la courbe d'accumulation - cette
augmentation salariale ne suffit pas à surmonter la contradiction de
l'accumulation capitalistique, de son caractère exponentiel. Pour
lever cette contradiction, il faut qu'il n'y ait plus aucune
accumulation non réalisée, non dépensée, ce qui impliquerait que
la propriété disparaîtrait en tant que source de profit, ce qui
impliquerait de facto une socialisation des moyens de production.
Proposition
7
L'accumulation
du capital définit une fonction exponentielle.
Proposition
8
L'accumulation
du capital parasite le mécanisme de production de valeur
économique.
|
Cette
fonction exponentielle grippe la machine économique puisque la
concentration de valeur est ôtée à terme de la circulation
économique. Si, un jour de crise, les détenteurs de capital veulent
réaliser leurs bas de laine devenus gigantesques, s'ils veulent
réaliser leur capital accumulé, il n'y aura pas de production de
biens et de services sur laquelle adosser cette demande de valeur. En
d'autres termes, comme l'argent sert toujours, in fine, à
acquérir des biens et des services à valeur économique produits
par le travail abstrait des producteurs dans l'emploi et hors emploi,
la concentration de valeur liée à l'accumulation infinie du capital
est contre-productive en terme économique. L'accumulation de capital
ne soutient pas l'économie, elle la parasite.
Pour
produire du PIB, nous l'avons vu, il faut que des gens achètent les
marchandises, les biens et les services produits. D'une année sur
l'autre, pour ce faire, il faut voir ce qui, dans les revenus de
l'année précédente, va pouvoir être dépensé et être compté
comme valeur ajoutée de la nouvelle année. Le fait de produire des
millions d'automobiles en trop, d'amasser des stocks alimentaires ou
de construire des logements vides ne change strictement rien à
l'affaire. L'ensemble des chiffres d'affaire de l'ensemble des
entreprises, de l'État, des collectivités locales ou des
particuliers, sera égal à l'ensemble des prix de l'ensemble des
biens et des services qui auront trouvé acquéreur. Mais les gens ne
peuvent pas dépenser l'argent qu'ils n'ont pas. La parenthèse du
crédit ne fait qu'amplifier et reculer le moment où les clients
désargentés cessent de pouvoir acheter. Le crédit n'enrichit pas
le débiteur, il augmente le prix payé pour acquérir les biens et
les services à terme. Si le crédit enrichissait, ce serait un don –
et les banques deviendraient rapidement impécunieuses.
Pour
soutenir le PIB – en admettant que ce soit un objectif avec quelque
pertinence économique, nous y reviendrons – il est donc nécessaire
de réduire à rien la part du PIB consacrée au capital extrême
(puisqu'elle n'est pas dépensée ensuite et qu'elle disparaît des
circuits économiques sans aucun bénéfice pour personne), de
supprimer la part du PIB dévolue au capital moyen puisque, à long
terme, elle ponctionne et concentre l'ensemble de la valeur ajoutée
sans que cet argent retiré de l'économie puisse profiter à qui que
ce soit et de consacrer l'intégralité du PIB aux salaires (et aux
investissements qui seront intégralement constitués de salaires par
le truchement de dépenses d’achat de marchandises à prix).