Notre
conclusion nous permet de faire le lien entre la situation de
l'Allemagne et sa très relative réussite économique. Ce ne sont
pas des facteurs économiques tels que la haute valeur ajoutée des
productions industrielles allemandes, ce ne sont pas les facteurs
culturels puisque, dans son histoire, l'Allemagne a connu des
périodes de déficit commerciaux mais c'est bien la place du salaire
en Allemagne qui explique ce très relatif succès.
En
ouvrant les frontières de ses voisins à ses exportations,
l'Allemagne s'est garanti des débouchés pour son ε,
pour son épargne au moment où cette épargne explosait du fait des
compressions salariales. Par ailleurs, l'implication d'une population
dans les revenus du capital assure une faible accumulation de ceux-ci
puisque ces revenus tiennent lieu de pension de retraite et son donc
mieux réalisés que leurs équivalents étrangers. Le libre échange
avec des voisins en croissance salariale (et en déficit, du coup) et
le vieillissement des propriétaires capitalistes sont des conditions
sine qua non au (très relatif) développement allemand.
Les
marchés de l'Est risquent, par contre, à force d'accumulation
progressive sous
forme
d’investissements,
de se fermer peu à peu aux débouchés allemands. Quant aux
retraités, la polarisation du modèle social allemand risque
d’obérer le
ε
au moment où il n'aura plus de marché extérieur pour réaliser la
valeur ajoutée qu'il capte. À ce moment-là, les heures de la (très
relative) prospérité allemande seront comptées sauf à y investir
massivement dans les salaires – ce qui solvabiliserait les marchés
mais ferait cependant l'impasse sur la baisse du taux de profit.