Pour
reprendre ce qui a été écrit
Tout
se passe comme si les prélèvements étaient des ajouts de
PIB et non des ponctions – fût-ce sur les profits.
1.
Il nous faut d'abord distinguer la valeur et la valeur d'échange.
L'économie s'occupe de production de valeur d'échange, non de
valeur d'usage. L'employé est payé non pour produire des biens et
des services (s'il en produit, c'est de manière, paradoxalement,
accessoire), il est payé pour produire une valeur ajoutée. Cette
valeur ajoutée peut ne correspondre à aucune valeur humaine
produite - valeur en terme de besoins ou de désirs matériels ou
non.
Prenons
l'exemple d'une compagnie ferroviaire quelconque. Elle gère des
infrastructures de transports, du matériel roulant, du transport de
marchandises et de personne. Tous ces différents secteurs se rendent
mutuellement service sans qu'il y ait facturation. Dans le cadre de
la privatisation en Grande-Bretagne, les différentes sections ont
facturé leurs prestations aux autres ce qui a créé de la valeur
ajoutée sans le moindre supplément d'activité ou de service
produit.
La
convention du travail porte sur une création de valeur (d'échange)
ajoutée, non sur la façon, l'ouvrage ou la réalisation de biens et
de services en particuliers. On peut être payé pour saboter, pour
abîmer, pour gâcher, pour salir, pour polluer ... ce qui ôte de la
valeur d'usage au cadre de vie de la communauté. De sorte qu'un
couvreur n'est pas payé pour faire un toit mais pour produire de la
valeur d'échange ajoutée par le biais de chantier. Ceci a l'air
anodin mais ne l'est pas du tout puisque la logique de la valeur
d'usage voudrait que le toit fût correctement effectué alors que la
logique de la valeur d'échange exige que l'ouvrage soit réalisé le
plus rapidement possible et que les défauts de façon soient
couverts par l'assurance ou invisibles.
2.
L'emploi est une convention qui rémunère des gens, les employés,
contre un salaire. Cette rémunération sanctionne la création de
valeur ajoutée que génère leur activité. La valeur ajoutée,
c'est le prix moins les frais.
(1)
Dans
la valeur ajoutée, créée par le seul travail abstrait (le capital
ne crée pas de valeur, essayez d'enterrer une boîte à chaussure
remplie d'argent et, au bout d'un an, je vous promets que n'aurez
absolument aucune bonne surprise).
Cette
valeur ajoutée est constituée
-
des salaires (individuels et socialisés)
-
des investissements qui appartiennent aux propriétaires lucratifs
alors qu'ils sont produits, comme nous le voyons, par le travail
comme valeur ajoutée
-
des dividendes reversées aux propriétaires lucratifs comme gabelle,
ces propriétaires peuvent être des propriétaires directs, des
actionnaires ou des créanciers.
(2)
3.
La totalité des valeurs ajoutées à l'échelle d'un pays
constitue le PIB (ou PNB selon qu'on tienne compte du territoire
sur lequel se déploie l'activité économique ou de la nationalité
des acteurs économiques).
4.
Les salaires sont constitués par les salaires socialisés et par
les salaires individuels. Les salaires individuels figurent sur
les fiches de paie. Ils sont néanmoins amputés par les TVA sur la
consommation.
Les
salaires socialisés sont constitués de
-
la sécurité sociale financée par la cotisation sociale
-
les salaires des fonctionnaires financés par les impôts.
Pour
poursuivre la démonstration
5.
Les salaires sociaux ne coûtent rien aux salaires individuels.
Cette
notion est peut-être la plus délicate à comprendre dans la
démonstration.
Nous
avons plusieurs éléments de preuve : quand on rajoute une
cotisation sociale ou qu'on l'augmente, cela se répercute sur le
PIB, pas par une diminution de salaire individuel.
D'autre
part, quand un salaire individuel est amputé de cotisation sociale
(c'est le cas, à des degrés divers, de tous les 'contrats aidés',
de tous les contrats 'jeunes' et autres monstruosités
anti-sociales), on voit que le salaire individuel n'augmente pas
(voire diminue).
6.
Les salaires sociaux soutiennent les salaires individuels.
Ceci est plus simple à comprendre, plus intuitif. Si les chômeurs
ou les retraités perdent toute allocation, ils vont chercher un
travail à tout prix - y compris au prix du salaire. Ces malheureux
vont inéluctablement pousser les salaires de leurs collègues à la
baisse.
7.
Les salaires - individuels ou sociaux - sont dépensés quasiment
intégralement (contrairement aux dividendes). Un salaire dépensé
l'est en tant que valeurs ajoutée de certaines productions. Mettons
que je dépense mon chômage, mon salaire fonctionnaire ou mon
salaire ouvrier à acheter des machins, l'achat de ces machins crée
une valeur ajoutée, permet de transformer une production en capital
à des entreprises qui, du coup, peuvent tourner.
Petite
parenthèse:
En
termes marxistes de reproduction du capital, on notera les choses
comme suit:
(3)
C
- M - M' - C'
Le
capital initial est investi en marchandises (y compris de l'emploi,
du salaire); il devient d'autres marchandises par la logique de
l'emploi, lesquelles sont revendues pour un capital C'. Il est clair
que, pour pouvoir vendre M', il faut avoir nécessairement un
capital, C', qui est augmenté. Pour que le capital soit augmenté,
il faut que la partie réalisée du capital augmente avec
(4)
C'=
Investissements + Salaires réalisés
Avec,
comme principe, que les bas salaires sont presque intégralement
dépensés à terme, comme nous l'avons vu, qu'ils sont réalisés et
que seuls les salaires très élevés peuvent épargner - et encore,
cette épargne est globalement finalement réalisée à moins d'être
un rentier, comme nous l'avons vu.
De
ce fait, quand les salaires augmentent (et nous ne distinguons pas
les salaires individuels et les salaires socialisés dans notre
raisonnement), la valeur ajoutée au terme du processus de production
augmente
(5)
M'>M
avec C'>C
Cela
vous paraît incroyable que le client avec son salaire crée
l'activité ? Il crée en tout cas le prix, la valeur ajoutée
de la marchandise et les autres éléments inclus dans ce prix. Voyez
le taux de chômage, voyez la rage avec laquelle la publicité tente
de conquérir ledit client, voyez, tenez, par exemple, les
sandwicheries qui fleurissent autour des lycées. Sommes-nous dans
une économie qui ne produit pas assez ou dans une économie dont le
problème est de trouver des marchés solvables pour écouler sa
production? Pourquoi les sandwicheries apparaissent-elles près des
écoles, là où les collégiens se bousculent pour acheter leur
collation, et non là où les boulangers abondent ?
8.
Quand on met ces éléments ensemble, on constate que le chômeur, le
retraité ou le fonctionnaire créent le salaire socialisés qu'ils
touchent ou, pour le dire autrement, s'ils cessaient de toucher leurs
indemnités, elles iraient d'abord aux dividendes. Comme les
entreprises sont en concurrence entre elles, elles seraient
finalement amenées à diminuer leur taux de bénéfice ce qui
ramènerait les valeurs ajoutée à leur niveau de départ diminué
des salaires sociaux.
Donc,
les gens qui touchent les salaires sociaux les créent en tant que
valeurs économiques. Si on supprime ces salaires sociaux, on ampute
le PIB d'autant sans que personne n'en profite.
Il
y a mieux : comme les salaires se contractent avec la diminution
des salaires sociaux, la demande diminue. Comme la demande diminue,
la valeur ajoutée totale diminue, ce qui pousse à comprimer les
salaires, comme les salaires sont diminués, la demande se contracte,
etc.
C'est
ce qu'on appelle une crise de surproduction.