On voit immédiatement pourquoi la création monétaire peut ne pas avoir d'effet sur les prix. Dans la mesure (comme nous l'avons envisagé dans notre équation) où la création monétaire est réalisée intégralement parce qu'elle est distribuée aux salaires, elle nourrit aussi bien le numérateur (la réalisation de valeur ajoutée) que le dénominateur (la création de valeur ajoutée) et est donc sans effet sur les prix.
Avec une création monétaire de 20 %, taux considérable s'il en est, on aura le numérateur multiplié par 1,2 et le dénominateur multiplié par … 1,2 si la réalisation de la création monétaire est de 100 %. Si la réalisation est de 0 %, le dénominateur n'augmente pas et les prix sont augmentés de 20 % ((3.4) avec T(capital moyen) = 0,2 (20%) et Tρ (capital moyen)=100 %).
On
a
(3.4.1)
C'est-à-dire que ce le numérateur et le dénominateur sont tous les deux multipliés par 1,2 à condition que la monnaie créée soit intégralement réalisée, soit parce qu'elle est dévolue intégralement aux salaires, soit parce que la réalisation du capital moyen est de 100 %. Mais nous avons vu que les salaires étaient nécessairement intégralement réalisés contrairement à la rente. La création monétaire dévolue à la rente – au remboursement des créanciers, par exemple – est nécessairement inflationniste.
Si le capital ne se réalise pas et que l'argent créé est intégralement consacré au capital, on voit que, dans ce cas d'école, le numérateur est multiplié par 1,2 alors que le dénominateur ne change pas de valeur, ce qui correspond à une augmentation de P, des prix, de 20 %.
Pour le dire simplement, la création monétaire ne crée aucune inflation si elle est dépensée intégralement, si elle est consacrée à des salaires et crée par contre une inflation (et une inflation salariale) si elle n'est pas réalisée intégralement, notamment si elle est consacrée à la rente, à l'accumulation, à l'épargne inflationnistes. C'est ce qui explique pourquoi l'Assignat a été inflationniste alors qu'il était gagé sur les biens de l'Église nationalisés – il nourrissait l'accumulation des rentiers – alors que le Greenback qui n'était gagé sur rien du tout ne générait pas d'inflation puisqu'il était intégralement dévolu à des salaires rapidement dépensés.