La
propriété lucrative, le fait de retirer de l'argent de titres de
propriété nourrit l'avidité. L'avidité des propriétaires
lucratifs les poussent à mettre la pression sur les producteurs pour
qu'ils produisent de la valeur économique. L'anonymisation des
sociétés par actions a fait exploser le phénomène en
déresponsabilisant les propriétaires.
Les
producteurs sont mis sous pression, sous stress de manière
permanente. Jamais, la récompense 'chimique' ne vient relâcher le
stress.
Le
management post-fordiste accentue la tendance puisqu'il oppose les
producteurs entre eux, les isole, ce qui les rend plus vulnérables
au stress (et plus agressifs pour tenter d'échapper au stress) et
atrophie leur système de production et de réception d'ocytocine.
L'aiguillon
de la nécessité stresse de la même façon de manière permanente
les producteurs. Le cadre de vie est précarisé, la survie est en
permanence menacée. Le stress permanent génère les
dysfonctionnements propres à l'exposition prolongée à la cortisol.
Par
ailleurs, la vie sous le signe de la compétitivité s'accommode mal
de moments de plaisir – notamment de plaisirs partagés. Cette
absence anémie la production et les récepteurs de dopamine.
Le
management en particulier et la situation d'emploi en général
multiplient les situation de double binds, d'injonctions
paradoxales. Il faut être soi-même et obéir à
l'impératif de productivité. Il faut être conforme à
l'esprit d'entreprise et être créatif, innovant et
adaptable. Il faut aimer l'entreprise mais l'entreprise
est là pour faire de l'argent, etc.
L'injonction
paradoxale génère du stress de manière continue - nous en avons vu
les effets.
Comme
la concurrence et l'emploi organisent des relations interpersonnelles
individualistes, sans intérêt à la coopération, le partage,
l'amitié ou l'amour deviennent des choix coûteux, des options de
vie compliquées à assumer, ils sont synonymes de déclassement,
d'ostracisme social. Par ailleurs, le temps mangé par la production
à profit économique entre directement en concurrence avec le temps
partagé, le temps en famille. La déliquescence des relations
humaines qu'induisent la rareté du temps et l'individualisation des
relations interpersonnelles atrophie les systèmes hormonaux de
plaisirs, d'attachement: l'ocytocine est contre-productive pour
l'économie capitaliste.
Par
ailleurs, la propriété lucrative oblige à effectuer ses tâches
rapidement, efficacement. La découverte et le plaisir de l'acte sont
congédiés au profit d'une gestion très utilitariste de l'acte.
L'enquête et l'expérience sont remplacées par les protocoles. La
dopamine n'a plus de lien avec l'acte, le plaisir est exilé du
travail concret.
Tous
ces éléments construisent des êtres angoissés, solitaires, vides
qui doivent pallier leur absence de lien humain, d'amour, de joie, de
stimulations dans de pauvres ersatz, dans ce que propose le bonheur
marchand de la consommation.
Le
système pathogène capitaliste se reproduit lui-même et tient sa
propre logique, au détriment des aspirations, des désirs et de la
santé.
La
guerre de la concurrence et l'automatisation de la production créent
un monde de solitudes, d'ennui, d'angoisse, un monde sans monde dans
lequel le psychique est fragilisé, faute d'amour, faute de personnes
de confiance. Ceci rend les prolétaires sensibles à l'addiction,
cela entraîne des comportements de compensation susceptibles d'être
dangereux pour la santé physique et mentale.
ocytocine | dopamine | s. endocrinien | Cort. Orbito-frontal | ||
Accumulation
→ productivité |
Management pour être le plus productif | Contre-productive : la production et les récepteurs s'atrophient | L'initiative devient obéissance |
Sur-sollicité
stress continu |
Mis à mal par l'aléatoire |
Concurrence entre les travailleurs | anéantie | grégarisme | Stress continu | L'autre est une menace | |
Aiguillon de la nécessité | Rareté, le lendemain n'est pas assuré | Sous-sollicitée : elle s'atrophie |
Angoisse
stress continu |
Menace diffuse | |
Propriété lucrative | Le travailleur doit payer le propriétaire de l'usine en travailllant plus, en obéissant | Sous-sollicitée : elle s'atrophie | Impuissance |
Angoisse
stress continu |
Sans objet |
Industrie | Efficacité et détermination des mouvements, des pensées | Contre-productive : elle s'atrophie | Contre-productive : la production et les récepteurs s'atrophient | Sans objet | |
Désir et consommation | La puissance devient pouvoir d'achat | Utilisée en vecteur d'addiction comme shoot chimique | Utilisée en vecteur d'addiction comme shoot chimique | Dysfonctionnel | Dysfonctionnel |
Quitter la dépendance, construire les bases d'un sujet sain ce qui
implique renoncer à l'accumulation, à la propriété lucrative, à
la productivité, au management, au lien stressant entre la
rémunération et le travail concret, au chantage de l'emploi et du
chômage. Comme l'addiction pallie le manque d'attention, de présence
humaines, la question de civilisation que pose le règne du
capitalisme est celle du retour de la relation qui valorise, de la
coopération, du plaisir d'être ensemble ou de ce qu'on pourrait
appeler l'amour.