Pour
l'investisseur, l'activité de production de valeur économique est
tournée vers le profit. Cet investisseur consacre de l'argent
accaparé sur le travail des employés à une activité économique
soumise à de la concurrence pour générer de la plus-value, pour
s'enrichir quel que soit le type d'activité concrète de
l'entreprise : l'investisseur peut acheter des actions dans le
nucléaire, les poupées gonflables ou l'aide aux personnes âgées,
cela n'a pas d'importance, il veut récupérer son investissement
avec une
plus-value la plus élevée possible.
Proposition
35
La
valeur économique détermine des intérêts sociaux antagoniques.
|
Dans cette opération, le goût du lucre, l'avidité de
l'investisseur aura déterminé la nature du travail concret, elle
aura organisé la production, la gestion de la main-d’œuvre,
l'encadrement, la façon de produire et la nature de la production
sans considération pour le point de vue de l'intérêt public ou
pour celui des producteurs soumis au terrorisme de l'aiguillon de la
nécessité. Ce que Marx appelle le fétichisme de la marchandise
consiste à gommer toute trace, toute visibilité au goût du lucre
de l'investisseur mais aussi aux conditions de travail des employés.
La marchandise se présente au consommateur vierge de toute condition
de réalisation, vierge de l'avidité du patron ou de la sueur de
l'ouvrier, vierge des vallées détruites ou du management par la
haine.
Note
22. Le marché et le capitalisme
Le
fétiche de la plus-value
Le
fétichisme de la marchandise voile la logique capitaliste par
excellence en tant que fétiche. Quand il se produit des marchandises
dans la logique capitaliste, pour Marx, la marchandise initiale M
devient une autre marchandise M' via le capital.
(5.1)
M-C-C'-M'
avec
M=la valeur des marchandises initiales (en termes comptables, les
consommations intermédiaires, ce qu'il faut acheter pour produire)
avec
C=la valeur du capital investi (salaire et investissements)
avec
C'=la valeur du capital après le travail (la différence entre C et
C', est la valeur ajoutée, produite exclusivement par les
travailleurs, hors emploi et dans l'emploi)
avec
M'=la valeur des nouvelles marchandises qui réalisent C', que le
capital constitué permet d'acheter.
Le
principe de cette équation, de ce mouvement de la marchandise, c'est
l'accumulation. Nous l'avons vu, l'accumulation s'inscrit dans une
logique exponentielle, c'est une arnaque type pyramide de Ponzi.
C'est cette logique de l’appât du gain que la marchandise voile.
Pour
autant, il nous faut distinguer la logique de la marchandise et celle
du capitalisme du marché. Le marché est l'ensemble des biens et des
services, des productions économiques qui ont un prix. Tous les
biens et les services qui ont un prix ne sont pas nécessairement
produits de manière capitaliste.
La
logique capitaliste repose sur quatre institutions selon l'économiste
Bernard Friot. Ces quatre institutions déterminent le caractère
capitaliste de la production économique alors que les prix
déterminent le caractère mercantile de la production économique.
Le fait d'être soumis à un marché, le fait que les marchandises
soient liées à des prix n'implique pas nécessairement une
production capitaliste.
Les
quatre institutions capitalistes
1.
La propriété lucrative des moyens de production permet aux
actionnaires ou aux créanciers de s'accaparer les fruits du travail
des employés, ils s'attribuent aussi bien les dividendes que la
gestion des investissements - tous produits par le travail des
employés et des hors emploi.
2.
La convention du travail capitaliste mesure la valeur produite par le
travail en se référant à la mesure de la quantité de temps. Ceci
marque profondément le travail concret dans les usines, dans les
bureaux. Il faut aller vite et produire le plus rapidement possible
de la valeur.
3.
La concurrence organise l'activité. Il faut être plus rapides que
les autres, il faut produire davantage de valeur ajoutée par unité
de temps, etc. L'emploi est organisé par un marché du travail. Le
temps humain est alors une marchandise comme une autre. Le but des
employeurs est logiquement d'en diminuer le coût.
4.
Le crédit privé finance l'investissement et la dépense. Ce crédit
est assorti de taux d'intérêt qui, combinés à une échelle
macro-économique, constituent eux aussi une fonction exponentielle
qui concentre mécaniquement la richesse.
Marchandises
à prix et capitalisme
On
peut imaginer
-
des marchandises à prix disponibles sur un marché qui ne soient
pas capitalistes.
Par
exemple: les marchandises d'un petit artisan sans dette; la part du
prix de toutes les marchandises qui correspond à la valeur produite
hors du capitalisme par les retraités, les chômeurs, les malades,
les médecins, les instituteurs ou les fonctionnaires. Cette part du
prix est intégrée via l'impôt pour les salaires des fonctionnaires
ou les cotisations sociales pour les salariés hors emploi.
-
des marchandises à prix disponibles sur le marché qui soient
capitalistes.
C'est
le cas de tout ce qui est produit par des sociétés à actions
privée dans un but lucratif. Les sodas, les meubles ou le ciment en
font généralement partie. Les économistes vulgaires croient et
tentent de nous faire croire que ce type de marchandise est le seul
qui crée de la valeur économique légitime, « réelle ».
-
des biens et des services sans prix qui soient capitalistes.
C'est
le cas des dépenses de l'État, les dépenses d'énergie,
d'infrastructure ou de restauration immobilière, par exemple. Elles
ne coûtent rien directement, elles sont intégrées dans les prix
des autres marchandises par l'impôt mais elles sont produites par
des sociétés privées selon la logique capitaliste.
-
des biens et des services sans prix qui ne soient pas capitalistes.
C'est
le cas aussi bien de l'économie domestique vampirisée par
l'économie lucrative que des services publics gratuits - les écoles,
les hôpitaux, les commissariats, les casernes de pompier, les routes
(sauf si elles sont sous-traitées au privé), etc.
La
mise en cause de l'emploi et des institutions capitalistes comme
rapport d'asservissement exclut la logique capitaliste mais pas
nécessairement le marché, l'échange de marchandises à prix. Les
prix intègrent la notion de consommation intermédiaire et de valeur
ajoutée. Cette valeur ajoutée est créée par les salaires – mais
la gratuité rend la nécessité des salaires moins prégnante.
Proposition
36
La
marchandise agit comme fétiche : elle se cache pour ce
qu'elle est et se montre pour ce qu’elle n’est pas. Elle
détermine les actes des agents économiques.
|
La
gratuité doit être intégrée dans les prix des marchandises à
prix et, à l'extrême, pour reprendre l'exemple d'école que Bernard
Friot m'évoquait, si une seule marchandise à prix se trouve sur le
marché, elle doit intégrer dans son prix toute la valeur ajoutée
utile aux salaires et aux investissements de toute la production
économique gratuite - ce qui la rendrait assurément impayable, sauf
à travailler pour rien mais c'est là une démarche qui risque de
mettre à l'encan les acquis des luttes féministes ou des luttes
antiesclavagistes. L'argent permet de gérer la violence sociale en
se dégageant des structures de violence sociale antérieure, des
structures personnelles, lige, féodales. L'argent est le prix, en
quelque sorte, de cette émancipation des structures traditionnelles.
Ce prix peut lui-même générer, soutenir, construire une violence
sociale intimement liée à celle qu'il peut dépasser.
La
nature de la cristallisation de la violence sociale doit être
réfléchie quand on opte pour la gratuité. On peut imaginer une
société qui s'émancipe des prix et des salaires à condition
qu'elle
ait pensé la violence sociale incarnée par la féodalité puis par
le capitalisme de telle sorte qu'elle constitue un devenir désirable
pour ses membres. Pour le dire en terme simple, si la gratuité
implique la fuite dans une communauté sous le joug d'un gourou, elle
ne constitue pas un devenir souhaitable pour nous qui avons connu la
libération de ce type de liens de soumission grâce à l'argent –
nous éprouverons des difficultés à revenir en arrière, à revenir
à l'époque des prêtres tout-puissants ou des seigneurs plus ou
moins bienveillants parce que nous avons bénéficié de la
neutralisation sociale et de la distanciation de la violence sociale
par l'argent. Pour autant, la piste de la gratuité universelle n'est
pas à exclure dans la mesure où elle intègre le
dépassement des structures traditionnelles de domination, de
violence sociale.
Note
23. La violence sociale chez Engels
Pour
Engels, ce sont les infrastructures
économiques
qui déterminent les superstructures
sociales,
religieuses ou politiques. Pour faire simple, c'est le moulin à vent
qui donne le Moyen-Âge et non la religion, l'organisation sociale ou
les enjeux politiques qui donnent le moulin à vent.
Résumé
de l'extrait.
La
société ante-capitaliste s'organise en gens (mot latin
signifiant la famille, prononcé avec le "g" de gaffe et le
"en" comme "haine" et le "s"), en
groupes de familles élargies, en tribus. Au moment où l'évolution
technique de la production agricole permet la sédentarisation, les
champs, les cultures et l'échange, de ce fait, entre gentes.
La
sédentarisation a rendu la main d’œuvre nécessaire, ce qui a
ouvert la voie de l'esclavage. La maîtrise du fer a amené la
division du travail entre artisans et paysans et, avec elle le
commerce. Le commerce a fait apparaître les riches et les pauvres
et, avec cette stratification sociale, l'apparition de la famille
comme unité économique de la société. La division du travail fait
aussi apparaître les commerçants, intermédiaires parasites entre
les producteurs. Cette organisation du travail rend les anciennes
institutions tribales caduques. Elle lui substitue l'État - et ses
élections bourgeoises - en intermédiaire soi-disant neutre.
Le développement de la production dans toutes les branches - élevage, culture, artisanat, domestique - permit à la force de travail humaine de créer plus de produits que n'en exigeait son entretien. En même temps, il augmentait la somme de travail journalier qui incombait à chaque membre de la gens, de la communauté familiale ou de la communauté isolée.
L'acquisition de nouvelles forces de travail devint utile. La guerre les fournit [Engels lie les formes deux et trois de la violence dès l'origine]: les prisonniers de guerre furent réduits en esclavage. La première grande division sociale du travail accru la productivité du travail, donc de la richesse. Elle étendit le champ de la production [la création de richesse sociales est liée à la violence sociale et physique](...). De la première grande division sociale du travail, jaillit la première division de la société en deux classes: maîtres et esclaves, exploiteurs et exploités.
(...)
La même cause qui assurait autrefois la prédominance de la femme dans la maison, c'est-à-dire son emploi exclusif au travail ménager, cette même cause assurait désormais l'autorité de l'homme: celui-ci était tout, l'autre, un complément insignifiant.
(...)
Le fer permit [ensuite] de cultiver de plus grandes étendues de terre et de défricher d'immenses espaces boisés. Il donna au travail manuel un instrument d'une dureté et d'un tranchant dont pas une pierre, pas un autre métal ne pouvait fournir l'équivalent.
(...)
La richesse se développait rapidement, mais comme propriété individuelle. Le tissage, la métallurgie et les autres travaux manufacturiers, qui se distinguaient de plus en plus les uns des autres, créèrent une différenciation croissante des branches de la production. (...) Une activité si variée ne pouvait plus être exercée par les mêmes individus: la deuxième grande division du travail s'opéra, le travail artisanal se sépara de l'agriculture.
(...)
Avec la division de la production en deux grandes branches: l'agriculture et l'artisanat, naît la production destinée expressément à l'échange, la production de marchandise, ainsi que le commerce, non seulement à l'intérieur de la tribu, ou avec ses voisins, mais déjà par mer.
(...)
À côté de la distinction entre hommes libres et esclaves apparaît la distinction entre riches et pauvres. C'est une nouvelle division de la société en classes que provoque la nouvelle division du travail. L'inégalité entre chefs de famille selon les richesses dont chacun est propriétaire privé fait disparaître l'antique communauté villageoise. (...) La terre labourable fut assignée aux familles privées d'abord temporairement, plus tard de façon définitive. Sa transformation intégrale en propriété privée s'opéra graduellement et parallèlement avec la transformation du mariage syndiasmique en monogamie. La cellule familiale commençait à devenir l'unité économique de base de la société.
(...)
La guerre qui autrefois n'était déclarée que pour se venger des offenses ou pour étendre le territoire devenu trop étroit, fonctionne maintenant comme moyen de pillage. Elle devient une industrie permanente.
(...)
[L]es organes de l'organisation gentilice se détachent progressivement de leur racine - le peuple, la gens, la phratrie, la tribu - toute l'organisation gentilice se transforme en son contraire: d'une organisation de tribus établie en vue de régler librement leurs propres affaires, elle devient une organisation destinée au pillage et à l'oppression des voisins. Parallèlement à cette transformation, les organes de la volonté populaire deviennent des institutions indépendantes dont la raison d'être est la domination exercée sur le peuple et son oppression.
(...)
[La civilisation] s'ouvre par un nouveau progrès de la division du travail. Dans une période barbare inférieure, les hommes ne produisaient qu'en vue de leurs propres besoins. L'échange n'intervenait que rarement et portait sur des produits qui se trouvaient par hasard en surabondance.
(...)
La civilisation consacre et développe toutes les formes antérieures de division du travail. Elle accentue notamment l'opposition entre la ville et la campagne (d'où dérive la possibilité pour la ville de dominer économiquement la campagne, comme dans l'antiquité, ou pour la campagne d'exercer la même prédominance sur la ville, comme au Moyen-Âge). Et elle ajoute une troisième division du travail qui lui est propre, et qui a une importance décisive: elle enfante une classe qui ne s'occupe plus de la production, mais de l'échange des produits, exclusivement: les marchands.
(...)
Voici que, pour la première fois, apparaît une classe qui, sans prendre part d'une façon quelconque à la production, en acquière la direction complète et asservit économiquement les producteurs, qui se fait l'intermédiaire indispensable entre deux producteurs et les exploite tous les deux. (...) Tant que dure la civilisation, elle est appelée à recevoir de nouveaux honneurs et à exercer une domination croissante sur la production - jusqu'au jour où elle produit enfin elle-même quelque chose: les crises commerciales périodiques.
(...)
Les institutions gentilices étaient nées d'une société qui ne connaissait point d'antagonisme internes et elles n'étaient adaptées qu'à une pareille société. Elles ne disposaient d'aucun moyen de contrainte en dehors de l'opinion publique. Maintenant, au contraire, nous sommes en présence d'une société qui, en vertu des conditions générales de la vie économique, dut se diviser en hommes libres et en esclaves, en riches exploiteurs et en pauvres exploités, d'une société qui non seulement est impuissante à résoudre ses antagonismes, mais doit les accentuer de plus en plus. Semblable société avait seulement le choix entre deux solutions: ou bien vivre en état de lutte ouverte, permanente, opposant ses classes entre elles, ou bien se placer sous l'autorité d'une troisième puissance qui, planant en apparence au-dessus des classes en guerre, paralyserait les actes de violence et ne permettrait à la lutte des classes rien de plus que des affrontements soi-disant légaux sur le terrain économique. Les institutions gentilices avaient vécu. Elles avaient succombé sous la pression de la division du travail et de son produit, la division de la société en classes. Elles furent remplacées par l'État.
Engels,
Théorie de la violence, 10/18, 1972, pp. 228-233, nous
mettons en gras.
Proposition
37
La
valeur économique est une forme d'organisation de la violence
sociale.
|
La
valeur d'échange se manifeste par les prix, par une quantité
d'argent allouée à un bien ou à un service produit dans la sphère
du marché – de manière capitaliste ou non. Mais la valeur
exprimée par les prix ne reprend pas la seule valeur d'échange de
la marchandise à prix. Dans le prix sont inclus les impôts – donc
de la valeur ajoutée créée par les salaires des fonctionnaires –
les cotisations sociales – donc de la valeur ajoutée créée par
les salaires sociaux des retraités, des chômeurs ou des invalides.
Comme
les prix permettent la création de valeur ajoutée, les salaires
sont finalement reconnus par les prix – ce qui est susceptible d'en
faire l'intérêt. L'extension de la gratuité impliquerait
l'augmentation des prix des marchandises à prix sauf à supprimer
les salaires.
L'argent
est donc un vecteur de
valeur économique. Différentes valeurs économiques créées par
les salaires s'agrègent de manière spécifique dans les prix. Mais
les prix servent également de vecteurs à la concurrence
– soit indirectement dans le cas
de guerre de monnaie, de dévaluation compétitive, soit comme
expression directe de cette concurrence dans les prix.
Mais
l'argent en soi, le fait qu'il soit ou non gagé sur des biens de
valeur, le fait qu'il y ait création monétaire n'est pas
nécessairement déterminant par rapport à l'inflation. Nous avons
vu que c'est la nature de l'affectation de l'argent qui va déterminer
la nature inflationniste (ou non) de la création monétaire.
L'argent affecté au salaire n'est pas inflationniste, il crée du
PIB puisqu'il est réalisé et l'argent dévolu à l'épargne, à la
thésaurisation, à l'accumulation disparaît des circuits productifs
qui sont alors sujets l'inflation.
Note
24. La concurrence et
l'externalisation
Messieurs,
il n’y a qu’un moyen d’abolir la guerre entre les peuples,
c’est abolir la guerre économique, le désordre de la société
présente, c’est de substituer à la lutte universelle pour la vie
— qui aboutit à la lutte universelle sur les champs de bataille —
un régime de concorde sociale et d’unité.
J. Jaurès
Dans la vulgate libérale, la
concurrence permet au meilleur de l'emporter. C'est par elle que
passe 'la main invisible' du marché qui va régir nos activités au
mieux des intérêts communs.
Dans les faits, du point de
vue de l'emploi, nous sommes obligés de constater que les choses ne
se passent pas tout à fait comme cela. Si, dans un premier temps, on
peut avoir une niche, une innovation particulière qui permet à une
entreprise donnée de faire de plantureux bénéfices sans
concurrence, dans un second temps, quand la concurrence joue, les
entreprises vont se livrer une guerre entre elles en baissant les
prix.
Pour baisser les prix et
l'emporter sur la concurrence, il faut diminuer la valeur ajoutée
et, pour ce faire, réduire l'un des postes qui la constitue.
- Soit on diminue les
dividendes. C'est une solution de dernier recours puisque, du point
de vue des propriétaires des entreprises qui décident de la nature
de l'activité et de son organisation, cette solution rend leur
investissement moins lucratif.
- Soit on dégrade la qualité
du produit vendu en utilisant des matières premières de moins bonne
facture, en réduisant les frais de fabrication, ce que, en
comptabilité, on appelle les consommations intermédiaires. Cette
solution a pour inconvénient de faire fuir les consommateurs à long
terme. Elle n'est donc pas tenable dans la durée sauf pour ce qui
est de l'externalisation des coûts: l'entreprise la plus polluante
(celle qui consacre le moins d'argent à prévenir les dégâts
écologiques que son activité pourrait générer) retire un avantage
concurrentiel.
- Soit on comprime les
salaires. C'est toujours cette solution qui a la faveur des
propriétaires. La compression des salaires peut impliquer
- une augmentation de la
production par unité de temps par travailleur,
- une réduction des salaires
bruts,
- une réduction des salaires
sociaux,
- le recours à l'emploi au
noir (ce qui réduit les salaires sociaux et individuels),
l'augmentation de la durée de travail par salarié sans compensation
salariale (heures supplémentaires gratuites obligatoires, non
indemnisation des trajets, des déchargements, etc.)
- une pression accrue sur la
production horaire, ce qui implique un management par la haine, une
dévalorisation des prestations de l'employé, une pression à faire
vite, des injonctions paradoxales (faire vite mais faire bien, ce que
l'employé doit traduire par faire vite et cacher les malfaçons)
- le recours à une main
d’œuvre flexible, aux contrats précaires. Surexploitation d'un
personnel en 'turn-over' permanent: les travailleurs s'épuisent
rapidement à la tâche et sont remplacés constamment par des
chômeurs en besoin de salaire. La sécurité sociale doit couvrir
les soins et l'incapacité des malades produits par ces pratiques
managériales
Comme,
du fait de la concurrence, toutes les entreprises ont les mêmes
pratiques, l'avantage concurrentiel final est nul puisqu'elles sont
finalement contraintes de réduire le prix de vente de leurs
productions plutôt que d'augmenter leurs marges. Par contre,
l'entreprise à la pointe de ces pratiques, celles qui les mettra en
œuvre le plus rapidement et le plus complètement en retirera un
avantage concurrentiel relatif. En termes économique, c'est le taux
d'exploitation (Plus-value/V, avec V=les salaires) qui augmente avec
ces pratiques mais, comme elles affectent tous les producteurs, c'est
la réalisation du capital produit qui va diminuer avec la part
salariale dans la valeur ajoutée (la composition organique du
capital C/V, le capital fixe, les machines, sur le capital vivant,
les salaires). Avec la diminution de ρ,
la réalisation du capital antérieur, du PIB, c'est la quantité
totale de PIB qui diminue de pair avec la part qui en est consacrée
aux salaires
(nous avons démontré que le PIB était produit par les salaires).
La concurrence ne récompense
donc pas les entreprises les plus efficaces mais celles qui
maltraitent le plus leurs employés et celles qui parviennent à
externaliser leurs coûts - notamment écologiques et sociaux - sur
le contribuable ou sur la sécurité sociale.
Les entreprises en concurrence
vendent les biens et les services produits par les producteurs, par
les travailleurs à un certain prix.
Le prix se compose de la valeur ajoutée et des frais. Comme toutes les entreprises sont en concurrence, elles ont toutes intérêt à vendre leurs biens et leurs services au prix le plus bas pour l'emporter sur la concurrence. Par ailleurs, les propriétaires des entreprises ont intérêt à maximiser leurs marges et leurs dividendes. Pour ce faire, à prix constant, ils peuvent bien sûr réduire les salaires en augmentant leurs dividendes, ce qui laissent le prix et la valeur ajoutée inchangés mais ils peuvent aussi augmenter la valeur ajoutée et diminuer les frais.
L'externalisation
est la diminution des frais de production. Elle
permet d'augmenter la valeur ajoutée pour le même prix (et donc les
dividendes) ou de baisser les prix (et donc de vitrifier la
concurrence).
Concrètement, l'externalisation peut avoir bien des formes:
- les coûts écologiques sont déplacés sur la collectivité, sur l'impôt acquitté par les classes moyennes. L'entreprise qui pollue ne dépollue pas, l'entreprise qui pille les ressources naturelles ne les reconstitue pas, etc.
Concrètement, l'externalisation peut avoir bien des formes:
- les coûts écologiques sont déplacés sur la collectivité, sur l'impôt acquitté par les classes moyennes. L'entreprise qui pollue ne dépollue pas, l'entreprise qui pille les ressources naturelles ne les reconstitue pas, etc.
-
les coûts
d'infrastructure sont
assumés par la collectivité - c'est la principale
ambition du projet
économique de l'Europe pour le moment et le principal projet
économique de la Belgique ou de la France. L'impôt des classes
moyennes finance les autoroutes, les ports et les aéroports qui
permettent aux entreprises de délocaliser sans surcoût et de
pratiquer les flux tendus. La pollution produite par toute cette
politique de transport délirant provoque des dégâts économiques
et sanitaires également financés
par les contribuables.
- les coûts sanitaires des managements modernes sont assumés par la sécurité sociale. C'est l'entreprise qui encaisse les gains de productivité, c'est la sécurité sociale ou la charité publique qui assument les frais liés au surmenage que génère la surproductivité des employés, ce sont elles qui paient les turn-over, les burn-out, les complications, les frais de santé, l'invalidité provisoire ou permanente des producteurs suite à ces mauvais traitements
- les coûts de formation, d'éducation sont assumés par la collectivité. Tant qu'il s'agit de formation ou d'éducation généraliste, tout va bien. À partir du moment où ce sont les exigences de productivité de l'entreprise qui déterminent les contenus et les méthodes d'enseignement, l'entreprise charge la collectivité du financement de la formation de ses cadres, elle se défausse de cette responsabilité et de ces frais.
Bien sûr, du fait de la concurrence, l'externalisation permet de survivre si elle est généralisée dans le secteur, elle permet de dégager des bénéfices plantureux pour l'entreprise si la concurrence n'y a pas recours. Elle récompense l'irresponsabilité des propriétaires et le caractère sociopathique de l'entreprise lucrative comme acteur économique.
- les coûts sanitaires des managements modernes sont assumés par la sécurité sociale. C'est l'entreprise qui encaisse les gains de productivité, c'est la sécurité sociale ou la charité publique qui assument les frais liés au surmenage que génère la surproductivité des employés, ce sont elles qui paient les turn-over, les burn-out, les complications, les frais de santé, l'invalidité provisoire ou permanente des producteurs suite à ces mauvais traitements
- les coûts de formation, d'éducation sont assumés par la collectivité. Tant qu'il s'agit de formation ou d'éducation généraliste, tout va bien. À partir du moment où ce sont les exigences de productivité de l'entreprise qui déterminent les contenus et les méthodes d'enseignement, l'entreprise charge la collectivité du financement de la formation de ses cadres, elle se défausse de cette responsabilité et de ces frais.
Bien sûr, du fait de la concurrence, l'externalisation permet de survivre si elle est généralisée dans le secteur, elle permet de dégager des bénéfices plantureux pour l'entreprise si la concurrence n'y a pas recours. Elle récompense l'irresponsabilité des propriétaires et le caractère sociopathique de l'entreprise lucrative comme acteur économique.
C'est pourtant la concurrence
et son corollaire, l'externalisation, qui sont gravées dans le
marbre des institutions européennes, c'est cette concurrence et
l'externalisation que veut favoriser une série de futurs traités
internationaux négociés dans le plus grand secret.
Vu qu'il s'agit de favoriser
la maltraitance des salariés (employés, ouvriers, chômeurs,
retraités, etc.) qui constituent la grande majorité du corps social
de ces pays, vu qu'il s'agit de supprimer toute entrave au pillage
des ressources dont nous avons tous besoin au profit d'une activité
lucrative pour une infime minorité, on peut comprendre cette
discrétion.
Proposition
38
La
concurrence entre les travailleurs contraint à la guerre aux
salaires, à la dégradation des conditions de travail et à
l'augmentation du taux d'exploitation. Elle est antilibérale
puisque ce type de concurrence n’organise pas l’efficacité
mais le moins-disant social.
|