Par cette petite note, nous n'avons pas l'ambitieuse prétention de résumer une œuvre aussi foisonnante que celle de B. Stiegler, nous esquissons simplement quelques axes, quelques lignes de force de ce penseur attachant.
Ce grand lecteur de Simondon distingue trois niveaux de rétention1. La rétention primaire est celle des sens, la rétention secondaire, celle de la mémoire et la rétention tertiaire, celles des objets ou des hypomnematas, des séquences d'actes, des associations automatiques culturelles. Un livre est un hypomnemata au même titre qu'une clé USB ou une partition. Plus subtilement, les cérémonies rituelles ou les pierres tombales en sont également. L'angoisse provient d'un défaut d'être pour l'animateur d'ars industrialis, de mauvaises conditions de vie symbolique, de manque de soin et d'implication.
Il n'y a plus de je parce qu'il n'y a plus de nous. Il n'y a plus de je car les modalités de perception et de construction de la réalité sont standardisées.
Ce grand lecteur de Simondon distingue trois niveaux de rétention1. La rétention primaire est celle des sens, la rétention secondaire, celle de la mémoire et la rétention tertiaire, celles des objets ou des hypomnematas, des séquences d'actes, des associations automatiques culturelles. Un livre est un hypomnemata au même titre qu'une clé USB ou une partition. Plus subtilement, les cérémonies rituelles ou les pierres tombales en sont également. L'angoisse provient d'un défaut d'être pour l'animateur d'ars industrialis, de mauvaises conditions de vie symbolique, de manque de soin et d'implication.
Lorsque [l]es consciences, tous les jours répètent le même comportement de consommation audiovisuelle, regardent les mêmes émissions de télévision à la même heure, et ce de façon parfaitement régulière, parce que tout est fait pour cela, ces « consciences » finissent par devenir de la même personne2.Le défaut de singularité, de devenir individuant appauvrit l'être en tant que singularité. La misère symbolique est cette télé-culture, cette culture à distance de la masse qui exile l'individu de sa volonté et de sa singularité.
L'individualisation comme personnalisation, one to one, hypersegmentation des marchés, etc. est la transformation de la singularisation en particularisation par sa grammatisation numérique, dont l'efficacité quant au contrôle est infiniment plus puissante : elle produit performativement des modèles qui s'autoengendrent (par auto-organisation) et qu'elle projette dans le réseau (…) puis qui sont adoptés très « naturellement », le processus d'individuation psychique, collective et technique étant par soi un processus d'adoption3. (…) Or la particularisation du singulier est une standardisation des modes d'accès au milieu préindividuel (…) cela signifie, (...) la tendance à la liquidation de ce que Simondon nomme le transindividuel en tant que co-individuation du je et du nous4.
Il n'y a plus de je parce qu'il n'y a plus de nous. Il n'y a plus de je car les modalités de perception et de construction de la réalité sont standardisées.
1B.
Stigler, De la misère symbolique,
Flammarion, 2013.
2Ibidem,
p. 41.
3Ibidem,
p. 109.
4Idem.