Nous avons vu que la réalisation du capital produit antérieurement,
de la valeur économique entassée, était déterminante pour la
production présente de capital. Une marchandise, pour se convertir
en valeur économique, en capital, doit être vendue, c'est-à-dire
qu'un capital antérieur doit être converti (« réalisé »
en termes techniques) par échange en cette marchandise. Pour pouvoir
prétendre vendre quoi que ce soit – M. de Lapalisse ne me
contredirait pas – il faut que quelqu'un achète ou, pour utiliser
la terminologie technique, réalise son capital. Nous avons vu
que la partie de la valeur ajoutée dévolue aux salaires était pour
ainsi dire intégralement réalisée alors que la partie dévolue à
la rente, à la rémunération de la propriété s'accumulait.
Pour les propriétaires d'une entreprise, il s'agit de vendre tous
les produits de l'entreprise. Il faut que le cycle marxien A-M-M'-A'
soit complet. L'argent initial est investi dans des marchandises (du
salaire-marchandises, des consommations intermédiaires et des outils
de production) et est reconverti ensuite en argent, en capital par la
vente de la marchandise produite. La plus-value est créée par le
travail – et nous avons prouvé que c'était le salaire qui créait
cette valeur économique, quelle qu'en soit la forme – et, à
l'occasion de cette création, le capital parasite le processus pour
nourrir l'accumulation, sous forme d'investissements et, de manière
plus problématique, sous forme de rémunération du capital,
rémunération sujette à une accumulation mortelle pour l'économie.
Il importe en tout cas que les consommateurs convertissent
l'intégralité de leurs revenus en dépenses de consommation. Pour
ce faire, les entreprises développent des machines à pousser à
consommer. Ces machines, ce sont les modes, les événements-grands
messes de la consommation, la publicité, etc. Elles maintiennent la
pression sur les consommateurs par la manipulation de leurs désirs
et de leurs envies. Comme le dit Edward Barneys, Nous sommes pour
une large part gouvernés par des hommes dont nous ignorons tout, qui
modèlent nos esprits, forgent nos goûts, nous soufflent nos idées3.
L'organisation de la production par la consommation de masse et
l'organisation de la consommation par la manipulation des désirs
allaient ouvrir la voie à l'émergence d'une société, d'individus
post-sociaux.
Proposition
54
Pour
amener les consommateurs à consommer un maximum, les
propriétaires doivent manipuler leurs désirs au moyen de la
publicité.
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